Olho d'água, v. 9, n. 1 (2017)

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La Laideur comme déni d’humanité. Les Enfants Sauvages

Déborah Lévy-Bertherat

Resumo


RESUMÉ: Tetrapus, mutus, hirsutus: selon la taxinomie linnéenne, l’homo ferus est placé en marge de l’humanité. Il incarne, au même titre que les grands singes, la frontière entre les espèces, offrant «le tableau hideux d’un homme-animal» (Itard). C’est précisément de son hybridité que vient sa «monstruosité sacrée» (L. Strivay). Cet article propose l’étude de quatre cas célèbres d’enfants sauvages : Peter, Marie-Angélique, Victor et Kaspar Hauser. Ils ont fasciné les Lumières, l’ère romantique et, plus tard, quelques metteurs en scène. Toutes leurs descriptions et representations posent la question de la laideur : leur visage, leur posture, leur démarche, leur comportement et leur voix paraissent disharmonieux et dérangeants. Il faut même se demander si les enfants sauvages ont-ils une conscience, une âme. Oui, conjecture Defoe, qui devine en Peter «un diamant brut», dont l’éducation pourra révéler la beauté. On prêtera même aux enfants sauvages le don de dénoncer la hideur morale de la société humaine. Dans les années 1970, Victor et Kaspar deviennent l’objet de fictions filmées (Truffaut, Herzog), où la question de la laideur se pose dans des termes différents, on le verra.

 

MOTS-CLÉS: Esthétique; Déshumanisation; La laideur; Laid; Enfants sauvages.

 

ABSTRACT: Tetrapus, mutus, hirsutus: according to Linnaeus’ taxonomy, the homo ferus is on the margins of society. He embodies, as the great apes do, the frontier between species, being the “ghastly representation of a feral man” (Itard). Its “holy monstrosity” (L. Strivay) comes precisely from its hybrid character. This article studies four famous cases of feral children: Peter, Marie-Angélique, Victor and Kaspar Hauser. They fascinated thinkers of the Enlightenment, of the romantic period, and later on some filmmakers. All the descriptions and representations of these beings problematise ugliness: the face, the posture, the way of walking, the behaviour, the voice, all of them seeming inharmonious and unsettling. One even wonders if feral children have consciousness, a soul. Defoe presumes they have, and sees Peter as a “rough diamond” whose beauty can be revealed through education. Feral children will even be said to have the gift of denouncing the moral hideousness of human society. In the 1970s, Victor and Kaspar became the subject of filmic fictions (Truffaut, Herzog) which pose the question of ugliness in different ways, as we shall see.

 

KEYWORDS: Aesthetics; Dehumanization; Ugliness; Ugly; Wild Children.


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